ARTICLE VI. Du principe humide, considéré comme la source commune de tous les
êtres animés.
froids, les mers sont au contraire plus fécondes vers les pôles, et plus
dévastées entre les tropiques.
ARTICLE VI. Du principe humide, considéré comme la source commune de tous les
êtres animés.
Ainsi les eaux réparent au Nord ce que perd la terre. Nous voyons même que les
productions vivantes se multiplient principalement où l'eau arrose le plus la
terre. Considérez ces terreins arides de l'Arabie, ces effrayantes solitudes de
l’Afrique ; entièrement privées d'eaux, elles ne présentent qu'une mer immense
de sable où rien ne vit, rien ne végète. On ne rencontre pas même une touffe de
gazon dans l'espace de plusieurs lieues de circonférence, on n'y trouve aucun
animal, aucun arbre ; la terre entièrement nue est couverte d'un sablon mouvant
où le voyageur s'égare et périt de soif ; les vents déchaînés sur ce sol aride
élèvent et détruisent mille monticules de sable, ou transportent dans les airs
d'épais nuages d'une poussière brûlante. S'il se trouve au milieu de ces déserts
quelque foible source, quelque mare d'eau saumâtre, le petit terrein qu'elles
arrosent est couvert de verdure, d'arbres, de fleurs, et peuplé d'animaux. C'est
une île entourée d'une vaste mer de sables stériles, où les voyageurs viennent
se reposer et se désaltérer.
L'eau est ainsi le fondement principal de l'existence des corps vivans,
puisqu'ils ne peuvent point subsister sans elle et qu'ils en reçoivent même
l'aliment et le mouvement organique. La plupart des mousses périssent par la
sécheresse, mais il suffit de leur donner de l'eau pour les faire reverdir et
revivre, même après plusieurs années. L'on a trouvé quelques espèces
d'animalcules que la sécheresse faisait mourir et que l'humidité ressuscitoit
tour-à-tour, tels sont les rotifêres, les tardigrades (vibriones), les gordius,
etc.
Non-seulement l'eau communique aux animaux et aux plantes le mouvement vital,
mais encore il n'est aucune espèce qui ne commence son existence dans un état de
liquidité, et qui ne se nourrisse par le moyen d'alimens rendus liquides, de
sorte que rien ne s'opère dans les corps vivans que par le moyen de l'eau. Les
humeurs, telles que le sang, la lymphe dans les animaux, la sève et les sucs
dans les plantes, ne reçoivent leur fluidité que par l'eau qui tient en
dissolution les matières qu'elles contiennent. La liqueur séminale qui est la
quintescence vitale de toutes les parties du corps, est de même. La nutrition et
la génération, ces deux genres de fonctions si importantes dans l'économie
vivante ne peuvent donc s'exécuter que par l'intervention des liquides, parce
que ceux-ci tenant les molécules de matières dans un état de division et de
mobilité extrême, facilitent leurs combinaisons. Des corps solides, au
contraire, ne pourroient point agir (1).
Il est même visible que l'eau ne sert pas seulement d'excipient aux molécules
organisées, qu'elle ne se borne pas à les charier, à faciliter leur arrangement,
mais qu'elle y entre même comme principe
(1) Corpora non agunt, nisi sint soluta.
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